Comme il y a beaucoup de choses à raconter sur Julien, on ira à l’essentiel. Et on ne dira pas qu’il commence le piano à 5 ans, qu’il passe par le conservatoire de Lyon en piano jazz à 16 ans et en composition électroacoustique à 18, qu’il fait, en même temps que son cursus musical, l’école des Beaux-arts et que le jeune garçon, alors échevelé, effectue, à la fin de son parcours, un post diplôme au Studio National des Arts Contemporains du Fresnoy à Tourcoing. On ne dira pas non plus que depuis le début des années 2000, il compose les fragments d’un opéra pensé comme une œuvre d’art total, « Je chante le corps électrique », qui donne vie aux machines en 14 fragments dont les 11 premiers sont déjà créés. Il y cherche la corrélation de l’image et du son. L’écoute et le toucher ont notamment donné une pièce qui met en scène un siège idéal avec des enceintes à l’intérieur sur lequel prend place un auditeur. « C’est une captation de tout le corps, on écoute avec ses cheveux, ses poumons, ses os, ce qui permet de faire une pièce qui gratte le cou par exemple ! »
Alors qu’est-ce que Grand March est allé chercher chez ce talentueux compositeur et scénographe, qui travaille avec les chorégraphes Andonis Foniadakis, Davy Brun et Benjamin Millepied (oui, vous avez bien lu !), qui malaxe les sons jusqu’à plus soif, qui questionne tous les langages issus des nouvelles technologies et les met en scène, qui convoque tour à tour ou en même temps, la vidéo, le son, et online casino finalement tous les sens ?
On est tombé, par chance, sur un garçon ouvert, capable de passer de ses compositions de musique acousmatique à une petite ballade piano-voix juste pour le plaisir de faire de la musique. Le musicien a l’habitude de la création partagée. « Pour un chorégraphe, je ne fais pas que de la musique. Je la mets en scène et je travaille toujours avec les lumières, les costumiers et avec le chorégraphe pour que se rencontrent un travail technique très précis et une forme d’abstraction absolue qui est celle de la musique. »
On se demande alors ce qu’écoute Julien pour se détendre. « Quand je compose, je n’écoute pas. On copie beaucoup, c’est très dangereux. Si j’écoute quelque chose, je vais avoir tendance à penser trop à la structure et aux sons. » Et dans son walkman, à 15 ans, on y trouvait quoi ? « J’avais tous les synthétiseurs ! J’avais aussi énormément de classique, de musique contemporaine, électro-acoustique ou acousmatique que je ne pratiquais pas encore, mais je faisais énormément de synthétiseur, je travaillais les sons. J’étais fasciné par le moindre son qui passait et la première chose qu’il fallait que je fasse, c’était le reproduire. » Si aujourd’hui, Julien se plairait à créer des films d’après les histoires incroyables de Dan Simmons, auteur de science-fiction qu’il affectionne tout particulièrement, il collabore déjà avec de nombreux écrivains et travaille notamment la réalisation de Pardiction avec Esther Baldauf.
On ne vous dira pas qu’en ce moment, il se passionne pour les compositions du méconnu Scelsi et du français Gérard Grisey, ou qu’il s’est replongé récemment dans le travail de Pierre Boulez, parce qu’il s’interroge justement sur les relations de la physique quantique avec la lumière et les ondes.
Ce sont des hobbies comme les autres, après tout.